Entreprenariat : à quel moment quitter son emploi ?
Je vais aborder ici un sujet qui s’éloigne un peu de l’univers purement « café », mais qui est important pour moi, et concerne peut-être d’autres personnes qui font le choix de se lancer dans l’entreprenariat.
C’était d’ailleurs un des objectifs que je m’étais initialement fixé en créant cette « rubrique blog » sur mon site : partager les étapes de mon aventure entrepreneuriale. Prise dans le quotidien, j’ai un peu de mal à m’y tenir mais après tout, il n’est jamais trop tard.
Beaucoup de personnes qui souhaitent sauter le pas et lancer leur propre concept (produit ou service) passent par le statut d’autoentrepreneur. C’est un bon moyen de se lancer progressivement, et surtout de conserver son emploi et son revenu le temps de tester son offre, l’ajuster, et sécuriser un peu son projet tout en l’autofinançant. C’est en tout cas le choix que j’ai fait en juillet 2020, lorsque j’ai lancé Caoufé, ma marque de cafés de spécialité.
Choisir de lancer son produit ou son service tout en continuant de travailler à côté est néanmoins un vrai challenge. La gestion du temps et des priorités est déterminante. Et forcément, je me demande régulièrement si mon projet n’avancerait pas plus vite, si je pouvais m’y consacrer à 100% de mon temps.
J’ai évidemment fait des recherches, lu des articles, des témoignages, pour tenter de trouver des réponses. J’ai lu de belles histoires, des « success stories ». Des entrepreneurs qui ont réussi et font rêver. J’ai aussi trouvé quelques témoignages d’échecs, bien qu’ils soient nettement plus nombreux en réalité. Mais je n’ai pas trouvé d’article « entre deux ». De personnes en plein dedans, qui avancent à tâtons, et partagent leur ressenti et leurs questionnements « à vif ».
Il est certain que dans 3, 6 ou 9 mois j’y verrai plus clair, que j’aurai une idée plus précise du devenir de mon projet. Que je pourrai vous dire « j’ai bien fait de cumuler mon emploi et le lancement de ma marque » ou au contraire « j’aurais dû me consacrer entièrement au lancement de mon entreprise ». Mais ce que j’ai envie de partager, c’est l’étape à laquelle j’en suis aujourd’hui, avec mes questions et mes doutes, mais aussi mes envies et ma détermination. Je vais donc reprendre les « pour » et les « contre » de ma double activité, pour tenter d’avancer sur cette question fatidique : « Quand quitter son emploi lorsque l’on est autoentrepreneur à côté ? »
Sécurité financière et autofinancement
Se lancer en tant qu’autoentrepreneur tout en conservant son emploi permet de s’assurer une sécurité financière, et ainsi autofinancer son projet : formation, dépôt de la marque, premiers stocks, packaging, site internet … Des dépenses qui sont finalement « limitées » à l’échelle de la vie d’une entreprise, et qu’il est confortable de pouvoir financer sans aller piocher dans ses économies ou emprunter de l’argent. Psychologiquement, cela permet aussi de relativiser, en se disant que si le projet ne perdure pas, il n’y aura pas de compte épargne à renflouer ou d’investisseur (même parmi les proches) à rembourser.
Prise de recul dans les décisions
Ceux qui sont dans mon cas le savent : quand on se lance dans un projet entrepreneurial, on le fait corps et âme. On pense, on parle, on respire son projet. Même en ayant un ou plusieurs associés, on n’arrive pas toujours à prendre le recul nécessaire pour faire des choix pertinents, et s’évaluer de temps en temps. Continuer d’exercer une activité salariée en parallèle est un bon moyen de « couper » avec son projet de création d’entreprise, et prendre un certain recul entre deux décisions. C’est aussi l’occasion de continuer d’apprendre en entreprise, et d’utiliser ensuite ces compétences pour son propre projet.
Organisation et réactivité
Un entrepreneur est quelqu’un qui a des idées (beaucoup d’idées). Des bonnes, et des moins bonnes. Toujours est-il qu’il a besoin de les mettre en application, parfois même très brièvement, pour les valider ou les invalider. Et pour ça, il faut du temps. C’est là que le cumul d’un emploi salarié et d’un statut autoentrepreneur peut devenir problématique. Il faut sans cesse jongler entre deux univers, parfois totalement éloignés, voire opposés. Il faut être suffisamment organisé pour délimiter son temps consacré à son emploi et celui consacré à son projet, tout en étant flexible et réactif quand une urgence se présente. Bref, un véritable sport pour l’esprit (et pour le corps aussi).
Le moment à ne pas rater
Le cumul d’un emploi salarié et du lancement d’un projet entrepreneurial implique donc une gestion du temps et des priorités qui soit millimétrée. Néanmoins, il arrive forcément un moment où même la plus grande rigueur et la plus forte détermination ne suffisent plus, et où quitter son emploi initial devient impératif. Un moment difficile à identifier mais qui est déterminant pour la suite. Ce moment où le projet demande plus d’investissement, et est en même temps suffisamment pérenne pour limiter les risques.
C’est ce moment précis que je guette et que je tente d’anticiper au mieux, dès aujourd’hui. Comme un coche à ne pas rater, pour ne pas risquer de faire échouer mon projet et réduire à néant les efforts fournis jusqu’à présent. Ce jour où la demande sera suffisamment tendue et régulière, pour que je monte en puissance du côté de mon offre. Un moment où je devrai investir plus et à tous les niveaux, mais particulièrement en temps.
Je ne pense pas qu’il y ait de règle applicable à tous : c’est à chaque porteur de projet d’être capable de placer le curseur au bon endroit, au bon moment. En étant attentif, prévoyant et en étant capable de s’adapter.
Mais quand je vois le contexte actuel et le nombre d’entreprises en péril, je me dis que cette étape avec une double casquette reste la meilleure option. Qu’il ne vaut mieux pas foncer tête baissée, et que le « test and learn » n’a jamais eu autant de sens qu’aujourd’hui.
Alors je reste attentive de façon à voir venir au mieux ce moment fatidique et ne pas rater le coche. Ce jour où les ventes sur le site seront plus régulières, avec un panier moyen plus élevé. Où j’aurai constitué une clientèle fidèle sur le marché, tout en étant capable de capter de nouveaux curieux à chaque fois. Où l’offre Caoufé sera suffisamment diversifiée, et que les recettes seront équilibrées entre chaque pan. Ce jour aussi où le café de spécialité sera plus démocratisé et qu’acquérir de nouveaux clients demandera moins d’effort en communication. Tout ça est aujourd’hui en bonne voie. J’ai des clients fidèles, qui sont mes meilleurs prescripteurs. Plusieurs entreprises me font déjà confiance et leur exigence est un moteur précieux pour progresser. Et j’espère que bientôt, je pourrai vous dire que ce jour est arrivé, et que je peux me consacrer entièrement à Caoufé. Peut-être que cela n’arrivera pas, ou que je vais me tromper en croyant l’apercevoir au loin. Le seul moyen de le savoir, c’est de suivre l’aventure Caoufé !
Je suis par ailleurs preneuse de vos témoignages sur la question du cumul « emploi – entrepreneuriat », et serais ravie d’échanger avec vous ! Alors n’hésitez pas à m’écrire ou à me contacter directement via le compte Instagram Caoufé.
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